Au cours des dernières années, les entreprises ont fait de la durabilité une priorité essentielle et l’attention portée à la durabilité devrait continuer à croître au cours de la prochaine décennie, alimentée par les défis mondiaux ainsi que par la pression des consommateurs, des employés, des investisseurs et des réglementations.
La durabilité des entreprises est une stratégie commerciale à long terme qui va de paire avec la société et l’environnement. Si les entreprises peuvent se concentrer uniquement sur les gains économiques à court terme, ne pas prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux des produits ou services rend ces pratiques commerciales non durables. John Elkington, cofondateur de la société de conseil en développement durable Volans, affirme que les entreprises devraient envisager un triple résultat, à savoir « Profit, Personnes et Planète ».
Pendant de nombreuses années, l’argument commercial en faveur de la durabilité se centrait sur la réduction de l’utilisation de ressources, principalement en énergie, afin de réduire les coûts. Cette situation est en train de changer car les entreprises observent un impact sur leur chiffre d’affaires. Par exemple, les entreprises B2B qui vendent leurs produits à de grandes sociétés se voient de plus en plus demander des données sur leurs émissions. En effet, lorsque les grandes entreprises adhèrent à des objectifs scientifiques (Science Based Targets), qui visent à limiter le réchauffement climatique bien en deçà de 2°C, elles doivent divulguer leurs émissions directes et indirectes, y compris celles liées à leur chaîne d’approvisionnement. Les entreprises B2C sont également mises à mal car les consommateurs ou les intermédiaires font pression pour obtenir de la transparence sur les différents indices de durabilité.
Les entreprises qui n’intègrent pas la durabilité dans leur stratégie risquent de voir leur chiffre d’affaires diminuer, leur réputation entachée et se retrouver avec des actifs inutilisés. La durabilité n’est plus une cause d’avenir et les entreprises qui ne s’efforcent pas de l’intégrer dans leur stratégie globale seront laissées pour compte dans une économie qui évolue rapidement.
Une solide stratégie de développement durable va plus loin que protéger la réputation d’une entreprise. Elle peut également attirer et retenir les talents, permettre de se différencier sur le marché, stimuler l’innovation et engager les consommateurs.
Les stratégies varient d’une entreprise à l’autre, allant de celles qui se concentrent sur la durabilité comme moyen de réduire les risques pour leur modèle commercial actuel à celles qui poursuivent une stratégie de « valeur partagée » par laquelle elles transforment des problèmes sociaux en opportunités commerciales, contribuant ainsi à résoudre ces problèmes. Un exemple d’entreprise poursuivant une stratégie de valeur partagée est Sambazon, qui protège la forêt amazonienne de l’abattage en commercialisant des produits fabriqués à partir d’açaí – un fruit originaire de la forêt amazonienne – récolté à l’état sauvage. En créant une source de revenus permanente pour les habitants locaux, elle incite à entretenir la forêt et à récolter les baies d’açaí plutôt qu’à couper les palmiers d’açaí.
Une fois qu’une entreprise a déterminé comment elle veut se positionner, l’étape suivante consiste à réfléchir aux différents aspects de la durabilité qui sont pertinents pour l’organisation, tels que les émissions de carbone, les déchets, la consommation d’eau, la biodiversité, l’approvisionnement responsable, les droits de l’homme, la diversité et l’inclusion. Cela peut se faire par le biais d’une analyse de matérialité qui cherche à comprendre ce qui est le plus important pour les parties prenantes de l’entreprise et le potentiel de chaque élément à avoir un impact positif ou négatif sur l’entreprise. Après avoir défini ses domaines d’intérêt, l’entreprise doit ensuite mesurer ses performances de base et fixer des objectifs ambitieux. Les objectifs à moyen terme pour chacun de ces domaines (par exemple, des objectifs à l’horizon 2030) peuvent contribuer à galvaniser l’innovation et le soutien dans toute l’entreprise. Pour garantir la crédibilité et la reconnaissance, il est conseillé d’examiner les cadres ou les accords volontaires qui pourraient être utiles à l’entreprise, par exemple l’adhésion à Science-Based Targets pour les émissions de carbone ou à WRAP pour les déchets.
Pour les entreprises offrant des produits physiques, l’analyse du cycle de vie est un outil essentiel pour identifier l’impact global des marchandises et pour innover en matière de réduction des émissions de carbone, de déchets et de consommation d’eau. Dans le cadre d’une analyse du cycle de vie, une entreprise réfléchit à chaque étape du processus de production et de consommation, y compris l’extraction de matières premières, la fabrication et la transformation, le transport, la vente au détail, l’utilisation et la fin de vie. Par exemple, Interface, un fabricant de moquettes, a réalisé son ambition de développer des revêtements de sol neutres en carbone en innovant à chaque étape du cycle de vie du produit. Parmi ces innovations, ils ont remplacé le nylon produit à partir de pétrole par du fil fabriqué à partir de filets de pêche inutilisables et ont remplacé le gaz naturel dans leur usine de fabrication par du méthane provenant d’une décharge locale. La réflexion sur le cycle de vie peut aider les entreprises à éviter les pièges courants, comme le passage à des produits compostables « écologiques » sans stratégie sur la manière dont ces produits seront collectés après utilisation et compostés industriellement.
Les attentes en matière de développement durable évoluent et les entreprises ne peuvent plus adopter une approche passive des questions environnementales et sociales. En fait, plus de 90 % des PDG ont déclaré que le développement durable était essentiel à la réussite de leur entreprise. Cette tendance ne fera qu’accélérer dans les années à venir. Les entreprises doivent donc agir dès maintenant pour éviter d’être distancées dans la course à un monde durable et neutre en carbone.
La première étape consiste à faire appel à un expert en durabilité qui peut identifier les domaines prioritaires, les objectifs à réaliser et une feuille de route claire pour l’entreprise. Une fois que la direction générale a donné son accord, l’étape suivante est la mise en œuvre qui nécessitera généralement un solide gestionnaire du changement qui comprend le développement durable et peut aider à mettre en place un changement culturel important dans l’ensemble de l’organisation. Le développement durable n’est pas l’affaire d’une équipe chargée de la responsabilité sociale de l’entreprise qui serait isolée du reste de l’entreprise ; il ne peut être réussi que s’il fait partie des méthodes de travail de toutes les équipes de l’organisation.
Bien que cela puisse être un investissement important pour une organisation, il faut y voir une opportunité d’accroître la rentabilité et de favoriser l’innovation. Des entreprises comme Interface et Sambazon sont la preuve que les entreprises peuvent apporter une contribution positive à l’environnement et construire un avenir meilleur tout en dégageant des bénéfices.
Toutes les entreprises ne souscriront pas aux principes du développement durable, mais celles qui y adhèrent seront en mesure de récolter des avantages extraordinaires à long terme, de la popularité auprès du public à une croissance économique impressionnante.
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